Les feux de brousse sont un phénomène annuel particulièrement important en milieu soudano-sahélien, dominé par des savanes arbustives et boisées. En effet, l’alternance d’une saison humide et d’une saison sèche favorise la croissance rapide des herbacées annuelles, qui s’assèchent une fois les pluies finies. Elles constituent alors un stock de combustible qui s’embrase facilement au cours de la période de sécheresse.
Ainsi, ces feux permettent le maintien de pâturages, sans quoi la forêt l’emporterait sur l’écosystème de savane. Bien que pouvant se déclencher naturellement lors des violents orages de fin d’hivernage, la majorité des feux sont provoqués par l’homme, de manière accidentelle ou volontaire. A de fortes fréquences, ces feux induiraient cependant de nombreux effets néfastes sur l’écosystème, variant en fonction de la composante étudiée (Mbow et al. 2006). Parmi ces conséquences négatives citons l’appauvrissement en minéraux du sol, le risque de mortalité infantile des mammifères, la disparition d’espèces ligneuses sensibles au feu, ou encore la perte générale de biodiversité.
Dans la zone du Boundou, à l’est du Sénégal, les feux de brousse constituent une réelle source d’inquiétude pour les populations locales, qui, depuis la sécheresse des années 1970, constatent un bouleversement de leur écosystème. Selon les témoignages, « les arbres disparaissent » victimes du trio Coupe/Feux/Sécheresse. La pression humaine, déjà forte, s’est accrue par l’arrivée de transhumants, quittant les régions du Nord devenues trop sèches à la recherche de nouveaux pâturages. Ainsi, les risques d’incendie sont aujourd’hui très importants, du fait de la forte fréquentation de la zone et de pratiques peu respectueuses de l’environnement.
L’établissement du périmètre de la Réserve Naturelle vise à répondre à cet enjeu, en limitant voir interdisant les feux de brousse intentionnels.
Les années les plus sèches, jusqu’à 80% du territoire de la Réserve a pu brûler. Ce fut par exemple le cas pendant les saisons sèches 2003-2004 ou 2008-2009. En revanche, les années plus humides peuvent ne voir que 15%, comme en 2000-2001. Cette étude a été menée sur la période 2000-2010, et sera reprogrammée dans les prochaines années, pour voir l’impact qu’a eu la mise en place de la Réserve sur l’évolution des feux.